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Le laisser-faire dans l’espace public parisien ou l’anti-théorie de la vitre brisée

Notre premier épisode sur les théories de gestion de l’espace public et leur mise en pratique. Article rédigé par @MarieCanL avec la contribution des autres membres fondateurs du site #SaccageParis


Paris montre incontestablement depuis quelques années des symptômes inquiétants de décrépitude, le rapprochant du New-York des années 90. Comment et pourquoi le laisser-faire généralisé de la Mairie contribue à une dégradation de l’espace public et à y créer un sentiment de “tout est permis” ? 

Analyse.

Qu’ont en commun, en matière d’insécurité et de dégradation de l’espace public le New-York de 1992 et le Paris de 2021 ? La seule question pourrait étonner, et même émouvoir, tant la situation de Big Apple semblait il y a encore 30 ans hors de contrôle. Et pourtant. Si les chiffres sont encore loin d’être comparables (aux US, tout est plus gigantesque, démesuré) et que certains éléments restent très spécifiques aux Etats-Unis et aux années 90, certaines similitudes doivent nous alerter[2].


1. Recrudescence des agressions et de la petite délinquance

« New York déplore son 2 000e homicide de l’année », voici le titre choc qui barre la Une du New York Post le 7 septembre 1990.

A l’époque, New-York est gangrené par les trafics et la libre-circulation des armes à feu. La population est à bout et l’image de la métropole est profondément détériorée.

Le Paris que nous connaissons est bien évidemment très loin de ces chiffres et plus généralement de cette situation. A titre d’illustration, on a dénombré 81 meurtres dans la capitale en 2017.  Malheureusement, les autres données statistiques reflètent une tendance plus sombre, notamment une hausse constante des crimes et délits depuis 2015.

Ainsi, Paris fait « la course en tête » pour les vols avec armes (0,20 pour 1 000 habitants) – et notamment ceux commis par les mineurs (un tiers du total des auteurs présumés) -, et explose tous les records concernant les vols avec violence sans arme (3 pour 1 000 habitants), un chiffre deux fois plus élevé que les grandes agglomérations de province et 6 points au-dessus de la moyenne nationale.

Et la situation se détériore. Les indicateurs trimestriels pour l’année 2021 fournis par la préfecture de Police et dévoilés par la presse (CNews, Le Point) marquent une dégradation inquiétante illustrée notamment par plusieurs faits divers qui ont marqué l’opinion. Dans le sud de Paris, le 15e arrondissement a été exposé à plusieurs affrontements très violents entre bandes de mineurs (le tabassage du jeune Yuriy  a choqué la France entière). Au nord, notamment dans le 18e arrondissement, les habitants de plusieurs quartiers depuis 2017 doivent faire face à l’errance de mineurs isolés, parfois drogués, souvent violents, pour lesquels la police semble impuissante..

2. Au centre-ville, les commerces ont baissé leurs rideaux de fer

New-York, à la fin des années 80, voit ses habitants déserter la ville pour des banlieues plus agréables. 

A Paris, plus de 6 000 enfants « quittent » la capitale chaque année, marquant une fuite des familles qui s’aggrave. Ce n’est pas fini. Plus de 82 % des cadres déclarent vouloir quitter Paris, notamment en raison du caractère agressif de la ville (étude Cadremploi, août 2021)

Et, sans clients, c’est au tour des commerçants de tirer leur révérence. En 2020-21, le taux de vacance des commerces à Paris s’élevait à 10,5 % (CCI, APur, Ville de Paris, 2021 [4]), et tutoie des sommets (20 %) sur le Boulevard Saint-Michel.

La faute au Covid certes, au développement de nouvelles habitudes qui en ont découlé (essor du télétravail, de la livraison à domicile, de nouvelles habitudes de consommation).

Mais aussi, comme le relève le président de la CCI d’Ile de France, aux difficultés d’accès à ces zones, à l’empêchement de rentrer dans Paris pour les banlieusards, aux tarifs prohibitifs de stationnement, à la saleté omniprésente, à l’insécurité grandissante qui incite peu à la flânerie et aux achats.

Paris n’est certes pas un désert commercial, mais la fréquentation, autrefois dopée par les Franciliens et les travailleurs, s’effondre. Par ailleurs, la baisse constante de la population du centre de Paris a un effet mécanique sur la fermeture de boutiques de proximité, progressivement remplacées (quand elles le sont) par des bars, des restaurants, des hôtels, des Airbnb. 

Or, on respecte toujours moins les lieux lorsqu’on n’y habite pas. La mutation du centre de Paris en quartier 100 % touristes contribue à cette dégradation de l’environnement urbain.

3. Les ordures partout tout le temps, un fléau propre à Paris

Si la gestion des encombrants propre à la Ville donne globalement satisfaction (la possibilité de déposer des encombrants sur le trottoirs, après enregistrement préalable et à des créneaux dédiés), elle conduit également à d’innombrables dépôts sauvages, restant sur la voie publique plusieurs jours, appelant de façon mécanique des déchets supplémentaires, comme par un effet d’aimant.

On observe même que de nombreuses entreprises de construction ne prennent plus la peine d’organiser le bennage de leurs déchets, qui sont laissés à même le trottoir.

Source: @JCQDSE

En 2011, le service d’enlèvement des encombrants devient gratuit pour les Parisiens. Des chiffres officiels issus des services estiment à 30 % la part des encombrants déposés “clandestinement” sur les trottoirs, entravant la circulation et contribuant à l’insalubrité générale.

Soit un volume de 800 par jour, 300 000 par an. Cela représente 35 000 tonnes de déchets. L’enlèvement à la demande aboutit à une situation pire qu’avant.

Autre idée générant des effets pervers : le transfert de responsabilité des signalements ou application “Dans ma rue”, créant un nettoyage “à la demande”. L’idée est sur le papier séduisante : rendre les citoyens acteurs de la politique de nettoyage.

Mais à défaut d’être un appui aux patrouilles des élus et des services, elle devient de manière à peine imaginable le cœur du dispositif du nettoyage. La majorité d’Anne Hidalgo a ainsi théorisé le fait de se défausser de ses obligations de détection de “la malpropreté” sur ses administrés !

Charge à eux de signaler les manquements dans l’espace public (tags, déchets, vandalisme, stationnement gênant, nuisances diverses, etc…) et adieu patrouilles et rondes des services de la Mairie. Bienvenue à l’effort citoyen et à l’inversion de la responsabilité. Si un lieu n’est n’est pas nettoyé, c’est parce qu’il a été sali par un Parisien et non signalé ! Et haro sur les habitants qui ne font pas leur « devoir » !

4. Une ville où les squares, jardins et parcs sont confisqués

Dans les années 90, Central Park, ce magnifique espace vert de 341 hectares et 4 km de long (soit l’équivalent de 60 % de la totalité des espaces verts parisiens à lui tout seul) était un véritable coupe-gorge la nuit tombée. 

Tout un symbole : un espace vert confisqué à ses habitants faute de pouvoir y garantir une sécurité convenable. Dans les années 80, le parc compte près de 1 000 actes de criminalité par an. 

Aujourd’hui, Central Park est considéré comme l’un des parcs les plus sûrs au monde : il bénéficie de son propre département de police (centaine de policiers et des citoyens bénévoles), est surveillé jusqu’à 21h et a connu une division par 10 du nombre d’actes de criminalité.

Et à Paris, alors que la Mairie assure vouloir créer de nouveaux espaces verts dans la ville, on constate en réalité le même phénomène de confiscation des espaces verts et en particulier dans le nord parisien : Jardins d’Eole, Square Françoise-Hélène Jourda, Square de Jessaint, Square Alain-Bashung, Jardin Rosa-Luxemburg, Square Louise de Marillac, etc… Des jardins et squares totalement vidés de leurs familles, de leurs promeneurs.

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Source: @JCQDSE, square Louise de Marillac, 2019

Les raisons ? L’insécurité, les problèmes de toxicomanie, le squat par des bandes qui empêchent la venue des femmes et des familles. Situation aggravée par la saleté, l’absence d’entretien du mobilier, et la recrudescence des tags.

Par ailleurs, la Ville a multiplié les ouvertures d’espaces verts la nuit. Conséquences immédiates : plus de nuisances sonores et de dégradations. L’exemple du Quai de l’Arsenal est significatif. Après avoir promis aux riverains de le maintenir fermé la nuit, il est désormais accessible à tous, avec une explosion des cambriolages et dégradations. 

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Source: Le Figaro (Juillet 2021)

5. Le choix du laid

La Ville a également entamé une politique de dégradation de l’esthétique publique urbaine. Le mobilier urbain parisien, reconnaissable entre tous, fait partie de l’âme de Paris. En refusant de l’entretenir, et en le remplaçant méthodiquement dans l’espace public par du mobilier de mauvaise qualité à l’esthétique douteuse, la Ville abandonne les derniers symboles de Paris.

Par ailleurs, comme on abîme naturellement ce qui est moche, en proposant des objets laids, les taguer et les vandaliser devient plus acceptable.

La célébration de l’urbanisme dit “d’usages” accélère aussi fortement la dégradation de Paris.

Ainsi, le ravalement (“réinvention”) des places (République, Jan Karski, Bastille), qui avait pour objectif certain de supprimer les symptômes bourgeois qui font pourtant la réputation de Paris (grilles en fer forgé, jardins, fontaines, parterres plantés), a permis l’éclosion d’agoras minérales avec des matériaux bas de gamme et une absence d’entretien. Leur corollaire direct est l’installation pérenne de squats et manifestations qui ont la bénédiction de l’HdV, qui y voit une manière de faire vivre la Ville. Est-ce utile de préciser que sur ces places, où les squats, les manifs et les skates à toute allure sont la norme, les femmes et les familles sont les grandes exclues ?

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Source: @ParisMarais, place de la République, 2021

Et quid des commerces qui, lassés des dégradations répétées, mettent la clé sous la porte ?

Même si l’on s’éloigne un peu des fondements de la théorie, l’urbanisme austère et brutal qui prend ses quartiers à Paris, avec la bénédiction de la Mairie, quand il n’est pas directement financé par elle, abîme encore plus la Ville. Quand c’est sale,  laid ou anxiogène, on abîme plus facilement.

6. La cité « plongée dans le cauchemar du crack »

« Downtown s’est mué en une cour des Miracles » écrit Balthazar Gibiat dans Géo en évoquant le New-York des années 90.

Zombies hagards “fatigués de mourir” (le Monde, archives, 1988), dealers vautours, et pouvoirs publics impuissants : tel est le triptyque classique associé au crack.

A cela s’ajoutait à New York une guerre des gangs et des tensions raciales que ne connaît fort heureusement pas Paris. Mais force est de constater que la déshérence gagne le Nord de Paris, particulièrement les 10e, 18e et 19e arrondissements.

Dans certains quartiers, le « crack dicte sa loi », lit-on dans le Point, en début d’année 2021. « Ce n’était déjà pas toujours très sûr, mais là, ça va devenir Zombieland » s’alarment sur France Info des habitants de la Porte de la Villette en octobre 2021.

Dans la zone Riquet-Eole-Stalingrad-Aubervilliers, la consommation dans l’espace public de substances créant une terrible addiction (“de celles qui font grimper sur l’empire State Building”, le Monde, 1989) et les crises de manque conduisent au délabrement humain, à la mendicité, à l’insécurité, et parfois à la folie.

Laisser-Faire - Crack-courrier-international-stalingrad-paris-2021
Source: Courrier International, Stalingrad, 2021

La Ville de Paris a concentré ses efforts sur un seul axe : une politique de prévention des risques c’est à dire assister la consommation « des usagers » (sic) de drogue et leur assurer un hébergement décent, sans se soucier des impacts sur la tranquillité et la sécurité des riverains.

En ne cherchant qu’un accompagnement à la consommation, sans objectif de sevrage, de sortie de la dépendance, sans objectif de diminution des trafics (qui relève là de la responsabilité de l’Etat), la Ville abandonne la bataille et accuse même par la voix des associations impliquées les riverains d’être « toxicophobes ».

Les relations extrêmement conflictuelles (marque de fabrique de notre Maire) avec la Préfecture de police conduisent à un pourrissement de la situation. Derrière ces conflits, il y a surtout des dysfonctionnements dans la prise de décision qui sont inacceptables dans des circonstances pareilles. Seule devrait pourtant compter la collaboration entre toutes les parties impliquées : Etat, Ville, riverains, professionnels de santé et associations. 

7. Quelles sanctions face aux incivilités ?

Face aux incivilités et actes de délinquance qui se multiplient, la Mairie de Paris se dédouane en imputant généralement à l’État l’impossibilité d’appliquer des sanctions vraiment dissuasives.

Échappatoire grotesque, quand on sait qu’en réalité, les agents de la police municipale sont rarement mandatés pour verbaliser les incivilités autres que les stationnements.

Rappelons également que pour des raisons idéologiques anachroniques, la Mairie est contre l’usage de la vidéosurveillance (sauf pour contrôler les infractions de circulation : la vidéo verbalisation), qui pourrait pourtant à la fois dissuader les contrevenants et délinquants et aider la police municipale et la police nationale à signaler à la justice les comportements les plus répréhensibles.

En multipliant l’appropriation anarchique de l’espace public, en refusant par dogmatisme la sanction, la Mairie crée un lieu de vie où les écarts divers sont la norme.

8. De la théorie à la mise en pratique

Que nous apprend la théorie de la vitre brisée, cette politique mise en œuvre par Rudolph Giuliani à New-York, et dont les observateurs sont unanimes pour dire que c’est en grande partie grâce à elle que la spirale du déclin de la Ville s’est enrayée ?

Laisser-Faire - East River Park, NYC, Amphitheater, 1988 et de nos jours
East River Park, NYC, Amphitheater, 1988 et de nos jours

En résumé, le petit vandalisme appelle des vandalismes de plus grande ampleur (théorie développée par les sociologues Wilson et Kelling). « Si la vitre brisée d’un immeuble n’est pas réparée, toutes les autres fenêtres seront bientôt cassées. […] Une fenêtre non réparée envoie le signal que personne n’a rien à faire de la situation et que casser plus de fenêtres ne coûte rien. ».

Un espace qui commence à être dégradé suscite ainsi, comme par un effet mécanique, de nouvelles dégradations qui elles-mêmes entraînent dans une boucle non vertueuse de plus grandes incivilités, jusqu’à la grande délinquance.

Autrement dit, tout « laisser-faire», même symbolique, appelle à de plus grands vandalismes (voire aux crimes). Une théorie déjà documentée il y a plus de 40 ans par un sociologue de Harvard, Nathan Glazer dans son article “On subway graffiti in New York” (hiver 1979).

Par exemple, une “fresque murale” plus ou moins réussie et non permise engendre des tags supplémentaires. Les « artistes » se lancent dans une course (lequel marquera de son empreinte le plus de territoires de sa signature) et contribuent à détériorer un quartier.

Laisser-Faire - graffitis - Paris 2021 - Qsb75
Source: @Qsb75

 Ces « artistes » en mal de reconnaissance et le plus souvent de talent (qui décemment peut assimiler un « blaze » grossièrement tagué sur une devanture de magasin ou une façade à du street art ?), sont le plus souvent parfaitement connus. Des plaintes sont-elles déposées contre eux ? Sont-ils poursuivis ? Ont-ils la moindre chance de payer les dizaines de milliers d’euros de réparation qu’ils peuvent parfois engendrer en quelques heures de saccage ? Bien sûr que non : impunité totale.

Cette théorie ne se limite pas à interpeller et réparer au moindre signal. Classée à raison comme une politique « droitière », les plus pragmatiques des élus ne sauraient pour cette raison seulement l’ignorer. Si elle insiste sur le rôle répressif de la police, elle envisage aussi son aspect préventif et dissuasif, tout comme elle insiste sur l’importance du lien social à restaurer dans les quartiers.

Si on laisse la liberté de taguer (et parfois même lorsqu’on l’encourage directement ou plus insidieusement), l’espace public se détériore.

Encore récemment, les élus EELV de Paris ont diffusé sur les réseaux sociaux des pochoirs à même les trottoirs pour défendre la campagne du candidat Jadot, sous-entendant qu’à des fins politiques ou environnementales, il est possible voire nécessaire de taguer l’espace public.

Si on laisse la possibilité de taguer les monuments historiques, sans nettoyer, sans sanctionner, alors certains entendent : j’ai la liberté d’abîmer.

Si on ne ramasse pas les ordures ou si on ne sanctionne pas ceux qui salissent la rue, alors certains entendent : j’ai la liberté de salir.

Si on ne sanctionne pas les petites incivilités ou la petite délinquance, comme si on vivait dans une zone sans règles, alors certains entendent : ici la délinquance est tolérée.

On pourrait citer a contrario les abribus gérés par JCDecaux, qui eux sont systématiquement réparés et remplacés. Ils sont moins vandalisés que d’autres types de mobilier urbain. La réparation express – en plus d’effacer l’acte précédent – empêche le prochain méfait.

Tous ces petits actes, qui semblent a priori anodins, sont pourtant hautement symboliques. Ils sous-tendent l’idée qu’à Paris, il est permis de faire ce que l’on veut dans l’espace public. Et ce sentiment est décuplé quand ce message est envoyé par les élus de la ville.

https://twitter.com/BobLeCentriste/status/1312280497960214528?s=20

De nombreux exemples de laisser-faire vont dans cette même direction : l’ouverture des pelouses des jardins publics sans aucune surveillance, la création des terrasses éphémères sans conditions strictes d’application, l’accès au port de l’Arsenal la nuit, la tolérance pour les collages associatifs, et les opérations de désobéissance civile.

Les élus ferment les yeux sur l’occupation illégale de l’espace public, les dépôts sauvages, la vente à la sauvette, la consommation d’alcool, les squats, la prostitution, y compris celle des mineurs, et contribuent de fait à détériorer le vivre-ensemble et l’harmonie d’un quartier pour y installer finalement le mal-vivre ensemble et les tensions permanentes.

En multipliant l’appropriation anarchique de l’espace public, en refusant par dogmatisme la sanction, et en étant visiblement incapable d’organiser un nettoyage efficace, la Mairie crée un lieu de vie où urine, déchets, squats, et souillures diverses sont la norme.

9. Le 100 % collaboratif est-il LA solution à l’entretien d’une ville ?

Cet esprit participatif (en particulier la végétalisation des pieds d’arbres et autres jardins partagés) part du postulat – faux – que les citoyens aiment consacrer leur temps libre à l’entretien de leur ville, de leur rue, et que nul besoin d’être professionnel pour végétaliser ou embellir la ville (on est tous des « experts », c’est bien connu).

Laisser-Faire - Le collaboratif à Paris - 2021 - JoostParis
Source: @JoostParis

Le résultat, on ne le connaît que trop bien : des pieds d’arbres à l’abandon, des fresques murales souillées et laides, des peinturlures d’escaliers grotesques, des collages féministes défigurant les murs pour des mois, et appelant de nouveaux tags. Et cela devient moins « sympathique » quand l’on sait que parfois, ce sont à des associations que la VIlle délègue ces missions pour de modiques sommes avoisinant parfois les centaines de milliers d’euros.

Laisser-Faire - Le collaboratif à Paris - 2021 - QsB75
Source: @QsB75

Conclusion

Cet article donne-t-il un satisfecit global à une politique de tolérance zéro issue de la théorie de la vitre brisée, qui a permis à Giuliani de  « redresser New-York » ?

En aucun cas selon nous : des dérives de libertés publiques ont été constatées et justement dénoncées, comme des fouilles abusives et des interpellations expéditives auxquelles les strates plus populaires ont payé un lourd tribut.

Nous, Mouvement citoyen horizontal, spontané et informel, n’avons pas légitimité pour identifier les remèdes chirurgicaux qui permettent de redresser une ville. 

Néanmoins, à l’inverse, force est de constater que l’anti-théorie de la vitre brisée, celle du j’men-foutisme généralisé, appliquée à grande échelle, met depuis des années Paris sur une pente extrêmement glissante, à la merci de ceux qui, au-delà d’Anne Hidalgo et de sa majorité, saccagent ! 

Le laisser-faire dans l’espace public, l’absence de préventions et de sanctions des incivilités créent des espaces de vie dégradés où les comportements irrespectueux et agressions se multiplient.

Au contraire de la théorie de la vitre brisée, la politique permissive de la ville de Paris laisse le ver dans le fruit et, à la fin, la pomme est croquée.


Sources:

  • [1] Premier article d’une trilogie dont les suivants porteront sur « La ville du quart d’heure » et la « Ville frugale »
  • [2] Cet article cite quelques éléments d’un l’article qui fait date sur le sujet “Drogue, insécurité : Comment Rudolph Giuliani a-t-il sécurisé New York ?, Oct 2018, GEO)
  • [3] Insécurité et délinquance en 2020, bilan statistique, Ministère de l’intérieur
  • [4] Inventaire des commerces à Paris en 2020 et évolution 2017-2020, APUR, CCI

7 réflexions sur “Le laisser-faire dans l’espace public parisien ou l’anti-théorie de la vitre brisée”

  1. Très bien écrit. Mais, les loyers à New-York dans les années 90 étaient très bas. À Paris, la gentrification a également éloigné les familles. Pour une des villes les plus chers au monde, la qualité de ville est absente ce qui rend cette cherté incomprehensible.

  2. J’en suis arrivée à me demander s’il ne vaut mieux pas que la Mairie actuelle s’occupe le moins possible de l’espace public plutôt qu’elle ne se mêle de vouloir le « rénover »,  » l’adapter ». Etant incapable d’entretenir, elle casse soit pour ne rien faire soit pour « reconstruire »/refaire, en dépit du bon sens ou de l’esthétique primaire, des « trucs » qui, eux aussi non entretenus, vieillissent encore plus mal car mal pensés, mal réalisés, moches etc.. Non contents d’avoir payé pour tous ces fiascos, les parisiens vont devoir repayer pour les casser et les refaire si tant est que cela soit possible………..

  3. Collectif Anti Vandalisme

    Nous partageons a 100% le constat et les solutions, nous avons travaillé sur un plan et de mesures que nous avons envoyé a 5 adjoints a la maire de Paris.
    Voici la lettre envoyée, https://twitter.com/nonauvandalisme/status/1446474567342563328/photo/1
    Voici les mesures proposées: https://drive.google.com/file/d/1f8rIattLlYZlKQstw8oyS1R5yGUBryBH/view
    Et enfin voici la réponse que nous avons reçu d’Emmanuel Grégoire:
    https://drive.google.com/file/d/1jbQejwKvKrOOpdfKVIb3lZB4OlzOLJIm/view

    Nous avoir un (petit) espoir que cela servira a quelque chose, car la situation est désastreuse…

  4. Bonjour, j’habite près du Canal St MARTIN non loin de République. Les anciennes passerelles viennent d’être magnifiquement restaurées mais elles sont déjà dégradées et ça n’est qu’un début. A cela, il faut ajouter les graffitis et les déchets (lits et autres) tout au long du canal ainsi que les agressions murales des féministes enragées qui agissent en toute impunité !
    Quelle est la marche à suivre pour vous envoyer des photos ?
    Merci
    GH

  5. On sent beaucoup de « bon sens » dans cet article dont je remercie au passage l’auteur. Pour autant, les parisiens sont ils tous prêts à accepter le retour de bâton qu’imposerait un simple retour au Paris d’il y a 20/30 ans ? Les candidats et élections semblent démontrer le contraire! Aucun parti (extrêmes inclus) ne semble en capacité de redresser la barre, pourtant bien basse. Des mafieux(ses) et/ou des incompétant(e)s notoires. C’est pessimiste, certes, mais le parisien que je suis (3 générations avant moi et une nouvelle en préparation) ne baissera pas les bras ! Sus aux félons qui #saccageaparis !

  6. Merci pour cet éclairage vraiment complet sur tous les sujets qui font que Paris se dégrade et aussi pour les touristes qui visitent la capitale. Elle n’ est plus la première destination mondiale et non plus la plus belle ville du monde. L’envie de beauté est un besoin réel et une nécessité et pour les parisiens et pour les visiteurs. la municipalité actuelle a une lourde responsabilité dans la dégradation de l’ image de Paris et des conditions de travail des acteurs touristiques : guides, voituriers, hôteliers. Lire sur ce sujet l’avis d’un chauffeur artisan indépendant à qui on veut supprimer le droit de circuler dans le centre historique, là où se trouvent ses clients et les hôtels : https://www.parismarais.com/fr/le-marais-blog/tourisme-les-artisans-voituriers-independants-demandent-le-droit-de-circuler-dans-le-centre-historique-la-ou-sont-leurs-clients.html

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