picture of eiffel tower

Saccage à la Tour Eiffel : pourquoi nous disons non au projet One Site !

Article et interview réalisés par léquipe du site #SaccageParis

Depuis 2008, Anne Hidalgo, d’abord en tant qu’adjointe à l’urbanisme et désormais comme maire de Paris, impose aux Parisiens “ses” grandes transformations urbaines. On peut citer pêle-mêle : la bétonisation de la Place de la République pour en faire une vaste agora sans âme, la végétalisation affligeante ruinant l’ésthétique minérale de la Place du Panthéon, et plus généralement, la densification urbaine outrancière exploitant la moindre petite parcelle non construite…

Après deux mandats particulièrement éprouvants pour l’esthétique et l’harmonie de la ville, voici venu(s) le(s) coup(s) de grâce, dans la perspective d’une marchandisation accélérée de la ville, avec, en ligne de mire, l’échéance des JO. Tous les plus beaux sites de Paris sont désormais concernés : les Champs-Elysées, le Parvis de Notre-Dame, la Place de la Concorde et donc, le site Tour Eiffel.

Sous prétexte d’une « unification » de la zone, de la piétonnisation du site (notamment du Pont d’Iéna) et de sa prétendue végétalisation, la Mairie prévoit de créer un “Grand Jardin”, qui existe pourtant déjà… Derrière ces alibis se profile le vrai agenda du projet, à savoir privatiser un peu plus encore le site de la Tour Eiffel et poursuivre la politique de réduction de la place de la voiture.

Derrière les belles photos 3D habituelles et les grands superlatifs de la presse quotidienne se cache en réalité un énième massacre patrimonial et environnemental, vecteur qui plus est de nombreuses nuisances pour les riverains et promeneurs.

Depuis le 12 octobre, une concertation électronique a été lancée sur le site Enquête Publique permettant à toutes les personnes qui le souhaitent de s’exprimer sur le projet. Le 1er Novembre, plus de 2300 contributions ont été déposées et permettent rapidement de constater que les répondants ne sont pas du tout satisfaits du projet proposé. En voici quelques extraits :

Pour ne pas se laisser abuser par la communication municipale, le Mouvement #SaccageParis passe en revue un par un les arguments en défaveur du projet. Les fondateurs du site #SaccageParis ont également complété leur analyse avec une interview essentielle de Bernard Seydoux, Président de l’association des Amis du Champ-de-Mars


Projet One Site Tour Eiffel : l’analyse du Mouvement #SaccageParis

1.1 Le massacre du Jardin du Champ-de-Mars : adieu le magnifique tapis vert

Le Champ-de-Mars, c’est le lieu où les Parisiens se retrouvent dès le retour des beaux jours pour pique-niquer, se promener ou même fêter le bac. Le superbe tapis vert du jardin de 36 mètres de large permet à tous ceux qui souhaitent profiter de cet écrin de verdure de trouver une place face à la Tour Eiffel.

Existant – état 1937

Oui mais voilà, la Mairie a décidé de massacrer ce tapis vert en utilisant les 3 arguments suivants :

  • Le retour à l’aménagement paysager de 1906. Quand la Mairie fait un choix stupide, elle s’appuie souvent sur un argument d’autorité. Ici le retour au paysage initial. Rappelons que c’est cet argument qu’elle a utilisé pour valider le massacre du jardin classé de la Pagode, remplacé par un vulgaire jardin sur dalle soit disant plus fidèle au modèle d’origine
Plan One Site Pelouse2
  • L’incivisme des Parisiens ne permettrait pas de préserver les pelouses, en particulier lors de grands rassemblements populaires. Sauf que… ces grands rassemblements populaires, c’est bien jusqu’à preuve du contraire…. la Mairie elle-même qui les autorise, quand ce n’est pas elle qui les organise. Donc plutôt que de combattre la raison du mal, on attaque les Parisiens et leurs supposées incivilités ;
  • Les espaces verts ne seraient plus adaptés aux flux et usages du site. Quelle est la source étayée de cette affirmation ? D’où vient-elle, sur quels faits est-elle basée ? Mystère…

Le texte se contredit en parlant à la fois du problème du piétinement excessif des pelouses qui fragilise le sol et la multiplicité des clôtures permanentes et temporaires qui encombrent l’espace. Tout l’état des lieux semble dresser un état accablant du jardin qui cache mal en réalité un manque de moyens mis dans l’entretien et la gestion du Champ-de-Mars

Sans excuser l’incivisme, l’état de vetusté du Champ-de-Mars et son aspect abandonné incitent difficilement ses visiteurs à le préserver et à prendre soin de l’espace qui les entoure. C’est le cas notamment lors de grands rassemblements populaires.

Le projet One Site Tour Eiffel décide donc de “rénover” les espaces verts du jardin de la façon suivante :

Étape 1 : Adieu les deux petites bandes de pelouses latérales et les arbustes. Alors que ces deux bandes sont justement des zones de délimitation du tapis vert central et donc nettement moins soumises au piétinement et aux incivilités, on décide de les supprimer sans véritable justification.

Plan One Site Pelouse
Situation Août 2021
Plan One Site allée
Zone retirée avec le projet One Site
On passe donc de 35m de pelouse à seulement 25m et cette impression de vide, de froid de l’ensemble

Etape 2 : Sur le projet One Site, on ne fait pas que réduire la pelouse, on la remplace par une “pelouse technique”. Moins naturelle, plus résistante. Faute de moyens, d’entretien, la Mairie décide de supprimer la bonne vieille pelouse à l’ancienne et mettre à la place une sorte de moquette pour terrain de foot. Il faudra un jour nous expliquer pourquoi c’est la même Mairie qui à la fois retire toutes les grilles qui protègent les pelouses et qui ensuite retire les pelouses parce que les gens marchent dessus… En fait, il faudrait un jour qu’on arrête de se foutre de la gueule du monde, non ?

Et enfin, que dire de cette surélévation tout à fait disgracieuse. En effet, la pelouse “technique” va se voir affublée de bordures en pierres qui seront des « obstacles » non assumés. Car à Paris, quand on ne veut pas que les riverains fassent un truc, on préfère créer des obstacles plutôt que de dire clairement “ceci n’est pas autorisé”. Çela se caractérise le plus souvent par des blocs de granit ou des bordures de pierre.

Le grand perdant ? C’est donc le jardin, dont l’allure est fortement dégradée par ses bordures de pierre, qui en plus d’être disgracieuses, seront très rapidement dégradées. Faut-il rappeler que le Champ-de-Mars est un jardin ouvert et que ce type de support “droit” est la proie rêvée des artistes de nuit ?

NB : dans les premiers visuels du projet cette réduction de la pelouse n’était pas au programme. C’est donc bien la Mairie qui a dû faire cette demande surprenante et anti-écologique.

Plan One Site Champ Tour Eiffel

1.2 Le massacre du Jardin du Champ-de-Mars : la bétonisation du jardin

Le Jardin du Champ-de-Mars va être bétonné de part et d’autre du tapis vert. 

Deux allées de trois mètres de large vont être réalisées entre les deux allées d’arbres. C’est une nouvelle habitude de la Ville de toujours concevoir des espaces en béton dans tous leurs projets. Moins de sol « naturel », plus de sol facile à entretenir, et qui éloigne un peu plus le Jardin du Champ-de-Mars d’un lieu de nature.

Plan One Site Champ de Tapis

1.3 Le massacre du Jardin du Champ-de-Mars : la perte nette d’au moins 23 arbres

En plus des 10 arbres plantés dans le tapis vert supprimé, 13 autres grands arbres vont être abattus. Aucun nouvel arbre ne sera planté (à l’exception de trois remplacements au niveau des arbres d’alignement)

Plan One Site Champ de Mars
Les petits cercles rouges représentent les 23 arbres et arbustes abattus pour le projet

2. L’occupation immobilière des bois classés

Une grosse partie du projet est d’harmoniser le mobilier urbain existant. De ce point de vue, cela ne semble pas être un problème. Au contraire, et le modèle de kiosque proposé par les architectes du projet est plutôt sobre et respectueux des matériaux et couleurs du site.

Plan One Site Bois

Ceci étant dit, il faut constater qu’il ne s’agit pas simplement de remplacer les modules existants mais bien de créer de nouveaux éléments. Cette création de kiosques, bagageries et autres services ont pour effet immédiat une réduction de près de 1000m2 de surface de bois classé. Recouvert d’une couche d’herbe (culture hors sol sans grand intérêt donc, sauf à ajouter quasi facticement des m2 de verdure), c’est surtout le constat d’une réduction des espaces verts du jardin, remplacés par une occupation immobilière.

Avis négatif de l’étude d’impact
Avis négatif de l’autorité environnementale

3. Les faux arbres et les vrais pots du pont d’Iéna

Sur le pont d’Iéna, il y a presque un mensonge de campagne. Car le projet One Site, comme de nombreux autres grands projets urbains d’Anne Hidalgo, a été dévoilé dans un tempo particulièrement aligné avec sa candidature à un nouveau mandat (forêts urbaines disparues depuis, Champs-Elysées, jardin Place de la Concorde).

C’est à ce moment-là que nous avons découvert qu’il était possible de faire pousser des arbres sans racines. Car ce projet nous promettait deux alignements d’arbres sur le pont d’Iéna. Magnifique photo “coucher de soleil” avec une gigantesque pelouse au milieu. Un jardin au milieu de la Seine !

Plan One Site Iena Telerama
“L’audace d’Anne Hidalgo” comme le titrait Télérama

Au-delà de l’impossibilité technique et des conséquences sur toutes les perspectives de la Tour Eiffel, c’est le nouveau projet qui nous consterne. L’objectif est clair : dehors les bagnoles (jusqu’ici rien de nouveau) ! Et comme il n’y a pas d’école sur le pont, dur d’y mettre des barrières. Alors comment faire pour occuper l’espace et s’assurer que Papi et Mamie, ou que la petite famille, ne puissent pas rentrer dans leur grand appartement du XVe ? Eh bien on va y mettre des pots. Parce que c’est cool les pots, ça ne coûte pas cher, ça prend plein de place, on s’en fout de les entretenir parce que c’est temporaire. Bref, c’est bien les pots ! On va en mettre partout partout, bien envahissants, et surtout bien facilement vecteurs de mésusages et autres incivilités.

Une proposition aberrante sur les questions d’écologie, d’esthétique, de propreté et de sécurité. Mais tant que ça bloque les bagnoles, ça va dans le sens de l’histoire hidalguienne.

Plan One Site Iena2
Des formes rectangulaires, un mobilier disgracieux et une disharmonie totale avec le reste du site. C’est proche du saccage urbain. Si la Mairie semble s’interroger sur la pertinence de la proposition, celle-ci apparaît toujours dans l’étude d’impact.

4. La problématique Amphithéâtre du Trocadéro

Le projet pour la Place du Trocadéro est assez simple : poursuivre la réduction de la place de la voiture en fermant une partie du rond-point en passant sur un modèle fer à cheval. La circulation particulièrement erratique déjà constatée Place de la Bastille, en raison de ce modèle, inquiète. En effet, il n’existe aucune étude d’impact à l’heure actuelle sur les futurs reports de circulation… C’est la méthode d’Anne Hidalgo : exercer un pouvoir vertical en prenant donc des décisions, mais sans se soucier de leurs conséquences. L’essentiel sera de pouvoir dire ensuite “moi, je prends des décisions”. Tant pis pour les Parisiens !

Par ailleurs, la modification de l’Amphithéâtre, qui peut sembler très attrayante visuellement, pose des problèmes majeurs :

  • Des nuisances inéluctables : en créant un espace vert avec des assises à cet endroit-là sans surveillance ni fermeture la nuit, il y a des risques de nuisances évidents
  • La réalisation de concerts sur la place du Trocadéro. Cet amphithéâtre n’a pas été uniquement pensé pour profiter du point de vue sur la Tour Eiffel, il sera nécessairement exploité comme tous les autres m2 du jardin pour en faire un lieu festif.

D’ailleurs, les visuels montrent bien sa configuration pour de futurs concerts. Emmanuel Grégoire assure que cela ne sera pas le cas, mais combien de fois la Mairie est revenue sur sa parole. Rappelez-vous que cette même Mairie avait promis la fermeture du quai de l’Arsenal. Depuis ? Dégradations et cambriolages

Plan One Site Amphitheatre

5. La privatisation du site Tour Eiffel

Un des éléments les plus inquiétants est la poursuite de la privatisation du Site Tour Eiffel. En effet depuis de nombreuses années, la ville rogne sur les espaces verts : d’un côté avec le Grand Palais Ephémère (et maintenant son extension), de l’autre côté les événements sur les Jardins du Trocadéro. Au milieu, des concerts et évènements qui sont de plus en plus fréquents, privatisant ainsi le jardin, mais surtout à l’origine de la détérioration des pelouses et des sols. 

Enfin le MUR. Ce fameux mur de sécurité extrêmement coûteux a surtout permis à la SETE de privatiser une grande partie des jardins pittoresques du Champ-de-Mars devenus inaccessibles aux Parisiens.

Eh bien le projet One Site semble poursuivre dans cette direction : premièrement avec la création de l’Amphithéâtre que nous avons mentionné dans le paragraphe précédent. Deuxièmement, avec la conservation du mur de sécurité (et la construction de bureaux, de conciergerie et tout un tas d’emprises dans la zone autour des piliers).

Troisièmement, en adaptant le Champ-de-Mars à une configuration “Concert”. Une des raisons évoquées pour réduire la surface des pelouses est de permettre une “meilleure répartition des flux piétons”. Or toute personne ayant déjà été dans ce jardin sait qu’il n’existe aucun problème de flux à ce niveau là. Sauf ? Sauf lorsqu’il y a des évènements sur la pelouse et que la foule est évacuée par les allées. Et donc cette configuration permet à la Ville de mettre en place une amélioration des flux… pour l’évènementiel, CQFD. Ce que les riverains redoutent par-dessus tout puisqu’ils se plaignent déjà des trop nombreux événements dans le parc.

Et d’ailleurs, le deuxième argument va dans le sens du premier, les pelouses ne seraient pas assez résistantes. Pourtant les pelouses des Buttes Chaumont semblent mieux résister sur l’année. Sans doute parce qu’elles ne sont pas soumises à de gigantesques concerts en plein air qui réduisent à nouveau toute possibilité de survie.

Enfin les Jeux Olympiques vont continuer à poursuivre leur emprise sur le jardin avec l’occupation de trois zones majeures du stade. On pourrait s’interroger sur la pertinence de commencer les travaux de rénovation du jardin alors que les jeux olympiques arrivent dans la foulée mais on comprend bien que les enjeux de circulation et d’emprise immobilière sont bien plus stratégiques que ceux de l’embellissement du site (enjeu toujours mineur voire ignoré par la Mairie de Paris).

6.1 Les Jardins du Trocadéro épargnés malgré un mobilier étouffant : enfin un peu d’harmonie

Paradoxalement, cet espace a l’air d’avoir été totalement épargné : fontaines restaurées, conservation des dessins existants, amélioration du paysage latéral, assise en pierre esthétique et assises gradin autour du bassin. rien à signaler. 

Sauf l’implantation de kiosques un peu partout sur le site. Ils apparaissent peu sur les clichés de vue d’ensemble (bien entendu) mais ils seront très nombreux.

Plan One Site Kiosque

Ce sont en effet pas moins de 21 kiosques entre 14 et 34m2 de surface qui vont être installés entre le bas du Trocadéro et les jardins proches de la Tour Eiffel (périmètre actuel).

Plan One Site Mobilier

Pour une fois, le choix d’une harmonisation du mobilier a été réalisé et, de surcroît, un effort a été fait pour utiliser des matériaux nobles (le bois et la fonte) qui respectent les principes des jardins parisiens. Pour conserver des lieux aussi naturels que possible, le mobilier urbain a toujours été en vert afin de s’intégrer dans le décor. Ici les couleurs Terra Brown et Vert de Seine choisies pour le mobilier rappellent les couleurs des arbres. Le bas du mobilier en marron pour le tronc et les toits en vert de Seine pour le feuillage. 

Plan One Site Sanitaire
On peut regretter que le RAL choisi pour le vert ne soit pas le vert parisien (plus proche du RAL 6005)

6.2 Les Jardins du Trocadéro épargnés malgré un mobilier étouffant : mobilier historique ou réplique moderne ?

Et si les bancs du site sont indiqués comme étant conservés dans l’étude d’impact, à la lecture précise, on est en droit de s’inquiéter.

Outre le fait que tout le mobilier va être repeint en “vert de Seine” au lieu de sa couleur d’origine, il semble que le modèle appelé Alphand (mais plus connu sous le nom de banc Davioud) soit en réalité le modèle actuellement produit par la Mairie de Paris.

Or les bancs présents actuellement dans le champ de Mars sont dans la grande majorité ceux d’origine datant du début du XXe siècle.

Plan One Site Banc
Banc Davioud

7. Une végétalisation de façade

La Mairie de Paris abuse de la notion de Surface Végétalisée Pondérée pour truquer tout son bilan “vert” à Paris.

C’est suite à la suppression du COS (coefficient d’occupation des sols) en 2014 qui permettait de limiter les projets urbains trop denses, trop minéraux, qu’a été introduit le concept de SVP. Un tour de magie de l’urbanisme qui permet aux villes d’autoriser tout projet tant qu’elle respecte une SVP acceptable. 

Et donc, on met des toitures végétalisées, des murs végétalisés un peu partout et on se donne bonne conscience écologique…

C’est le cas pour le projet One Site qui annonce fièrement +40% d’espaces végétalisés. C’est évidemment mensonger. On remplace des vraies pelouses en pleine terre avec des pelouses techniques surélevées, on ajoute des toits végétalisés sur toutes les constructions nouvelles du site, et hop on truque un bilan en faisant croire que les lieux seront désormais plus verts. C’est du décor, du greenwashing, de la conformité technique, rien à voir avec des espaces verts.

Comment faire croire qu’on crée des espaces verts alors qu’on installe des bureaux et des conciergeries…

Plan One Site Bureau
Plan One Site Conciregerie

8. La probable suppression du bassin de la Place Jacques-Rueff

La valeur patrimoniale du site est quasiment absente de l’étude. Alors que le jardin est dans un état de plus en plus lamentable, il n’est jamais question de la remise en valeur des différents éléments de son patrimoine. Et quand bien même la Place Jacques Rueff n’est pas évoquée dans ce plan, puisqu’une occupation olympique est prévue à cet endroit-là, le doute existe : il semble que la suppression du bassin de la Place Jacques-Rueff (en panne depuis des années) soit actée, et probablement remplacé par un hideux mur d’eau que les Parisiens connaissent déjà sur la Place de la République, le Jardin des Halles et la Place d’Italie (lieux tous trois saccagés par Anne Hidalgo)

Conclusion

Comme vous avez pu le comprendre, le projet tel qu’il est défini n’est pas du tout digne de la capitale et de son site le plus iconique. 

La Ville a surtout décidé d’accroître la commercialité du site, et ainsi d’augmenter les ressources financières qui proviennent de  l’évènementiel et des activités mercantiles en tous genres, tout en poursuivant sa politique de suppression des axes automobiles. 

Pour se faire, elle a enrobé dans une pochette surprise ce projet en le faisant passer pour un projet « Grand Jardin ». C’est une arnaque évidemment, mais êtes-vous encore surpris ? Il est donc impératif que tous les Parisiens qui ne se retrouvent pas dans cette arnaque donnent leur avis sur le site Enquête Publique. Et pas d’excuses, ca prend 5 min 😉

Vous pouvez également retrouver le très bon thread Twitter de SOS Paris (Association de défense du patrimoine architectural et du cadre de vie – depuis 1973) sur le sujet :

https://twitter.com/SOSParis/status/1454365238527238146

Projet One Site Tour Eiffel : interview de Bernard Seydoux, Président de l’association des Amis du Champs-de-Mars

Question : pouvez-vous nous dire quelques mots de votre association ?

Réponse – Notre association n’est pas née à l’occasion de ce projet. Cela fait 25 ans qu’elle existe. Dès son origine, son objectif principal a été de valoriser ce que nous appelons la « Grande perspective Colline de Chaillot – Ecole militaire », nous inspirant par exemple du Mall de Washington.

Ce site est exceptionnel. Notre vision est depuis toujours de mettre plus en avant encore son Histoire, ses monuments, ses espaces verts. Tout en restant attachés à sa spécificité de site entièrement ouvert où cohabitent de très nombreuses pratiques : la promenade, le tourisme, la culture, le sport…

Parallèlement, nous nous sommes préoccupés des problèmes du quotidien que ce soit de la propreté, des équipements ou de la sécurité. Mais le cœur de notre objet associatif c’est bien de défendre une grande vision du site.


Question : que pensez-vous du projet actuellement soumis à enquête publique ?

Réponse – Commençons par dire que ce projet n’est pas nouveau. Il y a deux ans, une première présentation avait été faite au public. Dans la perspective des JO, il est aujourd’hui réactivé dans la bousculade. Il est purement conjoncturel, et ne voit pas au-delà de l’échéance olympique. 

Le cabinet d’architecture retenu, dans des conditions peu transparentes, n’a pas compris le dimensionnement du site, « l’arbalète » formée par l’arc de la Colline de Chaillot et la transversale du Champ-de-Mars. Ainsi n’est même pas pris en compte le Pont de Bir-Hakeim, pourtant contemporain de la Tour Eiffel et accès privilégié à celle-ci.


Question : au-delà de son périmètre que vous dites mal circonscrit, quelle autre critique formulez-vous à l’encontre du projet ?

Réponse – L’annonce principale du projet est la création de 40 % d’espaces verts nouveaux. Cette annonce est fallacieuse, et nos propres calculs nous amènent à une conclusion inverse : non seulement le projet n’augmente pas les espaces verts mais les réduit de 25 % !

La réalité, c’est que la Mairie en même temps qu’elle réduit les espaces de pelouses, comptabilise des toits végétalisés dans le total ! Qui se promène sur un toit végétalisé ? Nous exigeons donc une clarification sur le mode de calcul de la verdure.


Question : vous êtes sévère, car vous oubliez la végétalisation du Pont d’Iéna

Réponse – Heureusement en effet, il semble que cette option du projet soit désormais abandonnée. Mais quelle incohérence ! On aurait fait cohabiter les statues héroïques des cavaliers aux quatre angles avec des bacs à fleurs ?


Question : quels sont les autres griefs que vous formulez au nom des habitants ?

Réponse – Globalement, on sent bien que le projet a, avant tout, une vocation festive. Quatre lieux de fête possibles sont identifiés dans ce petit périmètre : l’Amphi du Trocadéro, la Place de Varsovie, la Place Jacques Rueff au centre du Champ-de-Mars et le Plateau Joffre à son extrémité. Le Champ-de-Mars se trouve les ¾ de l’année plus ou moins amputé au profit de l’événementiel et au détriment des Parisiens en manque de promenades. Et puis, avec ce projet, on va faire du site une enclave au cœur de Paris, une zone dissociée de la vraie vie parisienne, celle du quotidien des Parisiens


Question : et la circulation ?

Réponse – Il y a beaucoup à dire. La suppression du rond-point du Trocadéro va à l’encontre du recours généralisé dans notre pays à ce dispositif et générera des temps d’attente donc des ralentissements et inévitablement des bouchons.

La suppression de la dernière voie transversale subsistant encore au Champ-de-Mars va mécaniquement détourner la circulation, et notamment celle des bus et des services de secours vers les avenues de Suffren et de la Bourdonnais, qui vont se congestionner. Sans compter que cette absence complète de circulation et de passage va créer une énorme zone d’insécurité depuis le quai Branly jusqu’à l’École militaire à la nuit tombée 

Enfin, ce nouveau plan de circulation va provoquer une rupture entre les 7° et 15° arrondissements, confinant fâcheusement leurs populations respectives. De manière générale ce sera une limitation des transits Est-Ouest.


Question : ne pensez-vous pas que le projet est une opportunité en termes de développement touristique ?

Réponse – Premier élément : je m’étonne que la Ville de Paris ne se soit pas engagée dans une réflexion, à l’instar de nombreuses autres destinations touristiques à travers le monde, sur le sur-tourisme. Ce d’autant plus que, s’agissant du site Trocadéro-Tour Eiffel-Champ-de-Mars, nous y accueillons les touristes dans des conditions absolument lamentables : insécurité, vendeurs à la sauvette, saleté, poubelles pleines dès 10h du matin, manque de toilettes…

Au lieu d’apporter des réponses à tous ces graves problèmes – sans évoquer les conséquences catastrophiques d’image que cela projette sur notre ville à l’étranger -, le projet prévoit la construction de deux bagageries au pied de la Tour Eiffel. Nous contestons de telles constructions révélatrices de la volonté de faire venir des touristes « express » ne passant qu’une journée à Paris pour faire quelques clichés, image de ce sur-tourisme que nous dénonçons ; d’autre part nous nous interrogeons fortement sur l’insertion architecturale de ces bâtiments dans un environnement que l’on dit vouloir transparent. Enfin, nous cherchons vainement à comprendre le message envoyé en termes de sécurité : d’un côté on entoure d’un mur de verre la Tour Eiffel pour faire face au risque terroriste et de l’autre, on positionne des bagageries partout ailleurs supprimées au nom de la sécurité.


Question : plus généralement, pourquoi selon vous l’esprit des lieux n’est pas respecté dans ce projet ?

Réponse – Cela tient à un défaut d’une réflexion largement ouverte en amont du projet. Ni l’histoire du site, ni ses pratiques n’ont été véritablement prises en compte.

Il faut aussi évoquer la nécessité d’une gouvernance unifiée. Nous avons aujourd’hui la mairie centrale et ses différentes directions, les 3 mairies d’arrondissements (7è, 15è, 16è), la Société de la Tour Eiffel, le Port autonome, les musées du Palais de Chaillot gérés par l’État… Beaucoup d’interlocuteurs et peu de coordination.

Nous formulons le vœu que pour un site urbain aussi remarquable que celui-ci, l’on s’inspire des dispositifs préconisés par les Grands Sites de France, consistant à rassembler autour d’une table un véritable Comité de gestion.  

Un comité de gestion en charge entre autres, de la maintenance du site, un sujet essentiel dont rien n’est dit pourtant dans la présentation soumise à l’enquête.


Question : quelles sont pour vous les prochaines étapes ?

Réponse – Nous ne partons pas battus ! Nous jouons à fond le jeu de la concertation et nous espérons que des milliers de Parisiens vont répondre à l’enquête publique pour exprimer leur refus de ce projet en l’état ! Nous discutons aussi avec les élus toutes tendances confondues. Certains proposent un moratoire ! Sans doute une bonne idée. Mais alors que l’on se mette tout de suite autour d’une table et que s’ouvre une véritable réflexion dépassant l’horizon des JO.

Nous n’excluons pas un possible recours judiciaire fondé précisément sur le caractère fallacieux des 40 % d’espaces verts en plus. Cet argument majeur brandi par la Ville dans sa communication pour inviter à l’enquête publique, n’est-il pas un peu gros ?


4 réflexions sur “Saccage à la Tour Eiffel : pourquoi nous disons non au projet One Site !”

  1. Bonjour
    Je suis #saccageparis depuis le début étant révolté de voir Paris partir en déliquescence. Inutile de préciser.
    – Pour le CHAMP DE MARS , comme d’autres lieux d’ailleurs, le ministère de la culture, ayant dans son périmètre la protection du patrimoine, ne pourrait-il pas être appelé en renfort . On n’a pas entendu R.Bachelot émettre le moindre commentaire, avis , questionnement . Malgré diverses sollicitations, dont la mienne à plusieurs reprises.
    On a l’impression que cela n’affecte pas du tout l’État de voir massacrer Paris.

    – Quels sont les moyens du ministère pour intervenir pour la protection du patrimoine dans Paris : donner des avis , s’opposer à des projets …
    En revanche l’UNESCO a fait part de son inquiétude concernant la partie classée de la travée Seine de Paris au patrimoine mondial .

    – Cela n’inquiète nullement la mairie , qui avance son rouleau compresseur de destruction de l’identité de Paris. Ainsi que de l’enlaidissement systématique par ses choix de « mobilier » urbain en palette ou bloc de granit etc …de repeindre bancs Davioud( quand ils ne sont pas laissés à l’abandon ou supprimés)) et fontaines Wallace aux différentes couleurs criardes , de la « végétalisation participative » en friche ou ressemblant à des bauges à cochons, des jardins publics à l’entretien délaissé, des pissotières écolo qui fleurissent partout y compris dans des emplacements historiques, Opéra, Palais royal … places historique transformées , tags envahissant la ville …etc…etc .. Vous connaissez parfaitement tout.

    Après la présidentielle, avec les résultats d’Hidalgo en France et à Paris , ne s’agirait-il pas d’envisager tous les moyens coercitifs auprès de la mairie ?

    – Les législatives vont être l’occasion de faire campagne pour faire perdre toutes les personnes du Conseil de la majorité de Paris PS+EELV + PC – qui se présentent à ces élections . Comme BELLIARD qui a déjà annoncé sa candidature.
    Que pensez-vous d’imaginer certaines actions contre toutes candidatures. ?

    Félicitations encore pour votre action, que je suis régulièrement.
    J’aimerais bien vous rencontrer pour échanger et envisager des actions si c’est possible.

    Sincèrement
    Olivier Dumont

  2. entièrement d’accord avec ce qui est decrit ci-dessus ;
    mme hidalgo est en train ( petit a petit ) de detruire toute l’ame de paris , et notamment toute qui touche au « style napoleon III ; elle est completement allergique a cette periode ; ce q’elle a fait du rond point des champs élysés est revelateur ;
    on sont les kiosques de cette période ?
    une anecdote : cette année , mars ou avril , en allant a Vannes , par des routes détournées pour ne pas payer l’autoroute , en mayenne , sur un rond point , j’ai découvert avec stupefaction , des kiosques , démontés , stockés , sans protection ; etait ce les kiosques parisiens ? j’en suis totalement convaincu;
    depuis 5ans , j’ai honte d’etre parisien , je n’ai plus envie de me promener dans paris , notamment le 11 eme ,paris est devenu une grosse poubelles ; on a confié a mme hidalgo un carosse , elle l’a transformé en citrouille tirée par des rats ; voila l’image que cela me donne ;
    ecoeurement total ;
    bien cdlt ;
    merci de votre action ;

    1. Lorsque je viens à Paris je sens la désordre croissant de la circulation,les vélos qui circulent sans respecter les feux tricolores ,roulant à contre sens autorisé par les “sens de circulation pour 2 roues”,
      la saleté évidente,(au nom de l’ecologie on ne doit plus tuer les rats dont le nombre augmente)

  3. Projet pharaonique! Beaucoup d’argent gaspillé en perspective. Cet argent serait mieux utilisé s’il etait consacré à s’attaquer enfin au problème criant de la propreté de notre capitale ou à créer des centres d’hébergement pour les sans-abri et des toilettes publiques pour ces derniers. Prévoir une bagagerie au pied de la Tour Eiffel illustre parfaitement les visées mercantiles du projet. Ne parlons pas des bouchons en perspective place du Trocadéro. Je me suis promené le week-end dernier au pied de la Tour Eiffel : la multitude de vendeurs à la sauvette devient vraiment effarante. Quelle image donne-t-on pour les visiteurs internationaux!

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